Salah Chakor, Expert, Ecrivain et consultant en tourisme et en formation

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Apparaît au début de l’ère quaternaire en Afrique, l’être préhistorique nous a laissés que peu de traces des ses premiers repas, quelques ossements de petits animaux, tortues, lézards, rongeurs,…
Il faudra attendre plus d’un million d’années la découverte du feu pour que le fait de manger évolue.
Les premières traces de cuisine ont été découvertes en France dans la grotte de lazaret au-dessus de Nice datée de 12000 ans sous forme de petits foyers et de restes de petits gibiers, poissons et coquillage ayant été passé au feu.
La nourriture commence à se diversifier car l’homme domestique la nature pour se nourrir, en chassant, cultivant, pour s’assurer une alimentation régulière. Les premières recettes élaborées furent des soupes de racines, viande et herbes, mais les aliments sont peu transformés. (1)

Et à travers l’histoire, l’homme a eu des croyances, des traditions…, qu’il a appliquées dans sa vie, en fonction de son milieu et de ses moyens. C’est ce qui lui a dicté des règles à suivre et des lignes rouges à ne pas franchir, pour une bonne régulation et organisation de la vie en communauté dans laquelle il confronte des individus à caractère différents, les uns des autres.

 

En matière de nourriture, la religion avait souvent son mot à dire. Elle dicte à ses fidèles des pratiques et règles à suivre en ce sens que la consommation de certains aliments est interdite, selon que l’on soit musulman, juif, chrétien ou autre.

 

De ce fait l’on considère que les religions monothéistes ont imposé des lois rigoureuses en matière de la cuisine. Et au Maroc, où les trois religions cohabitent, il est fait distinction entre la religion musulmane, juive et chrétienne en matière de l’alimentation.

 

Les marocains ont su faire la part des choses en ce sens qu’un mixage de savoirs culinaires a eu lieu au fil de l’histoire, ce qui a fait de l’art d’apprêter, au niveau national, une vraie mosaïque de plats, à la fois locaux, régionaux ou étrangers. Mais les rites et les occasions religieuses ont bien fait les choses, puisque nous assistons à des cuisines de fête, de circonstances, de mariage, de circoncision, de fiançailles…….Les fêtes à caractère religieux, telle que la fête de Aid Al Adha, du Aid Sghir, du Mouloud, de Innayer…… de Amaachour, ont conditionné l’installation de spécialités spécifiques à ces occasions, selon les régions, mais dont le symbolisation est la même, mis à part la façon dont ces plats sont apprêtés.

Dans la dimension culturelle de la nourriture, nous devons faire une place importante au domaine religieux. En effet, les interdits alimentaires font partie de la plupart des religions (c’est un des éléments importants de la pratique du Judaïsme et l’Islam interdit la consommation du porc et de l’alcool). Le christianisme, qui connaît le péché de gourmandise, a supprimé progressivement les interdits alimentaires du Judaïsme pour mettre en valeur la règle du jeûne et de l’abstinence qui introduit des contraintes importantes pour la préparation des repas (interdiction de consommer de la viande et des matières grasses d’origine animale pendant les jours réputés maigres).

Les nourritures symboliques sont soit représentatives d’une association traditionnelle entre un produit et une fête d’origine religieuse (Tride au poulet Baldi vers le 13 janvier, la bouillie de semoule d’orge chez les berbères pour la même période qu’on appelle Ennayer, le couscous le jour du Aid Al Adha et les vendredis….), soit un élément important de la théologie : Adam et Eve sont chassés du paradis terrestre pour avoir mangé « le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin » – Genèse 3.3, le pain et le vin sont le corps et le sang du Christ dans le dogme de la transsubstantiation de la religion catholique, Jésus est souvent représenté comme « l’agneau de Dieu » (2)

Les interdits alimentaires

Au sein des différentes communautés religieuses, les fidèles se sont toujours organisés autour des interdits édictés par les lois et les écrits des livres sacrés (le Coran, l’Evangile et la Bible). Ces interdits culinaires propres à chaque religion, sont fondés en premier lieu sur le bon sens, puis sur le rituel ou le magique. Les religieux sont des gardiens de la culture culinaire, et les hommes ont toujours accolé le fait de manger à un acte spirituel.

 

Pour l’islam ne sont prohibés que la viande de porc considérée comme animal impur, les animaux abattus sans invoquer le nom de Dieu, le sang et les boissons alcoolisées. La nourriture est alors considérée comme « hallal,  » pure.

Pendant le pèlerinage à la Mecque les musulmans ne doivent pas tuer ni manger de gibier de terre ferme.

Pendant le ramadan, mois d’abstinence et de médiation, les musulmans, ne doivent ni manger, ni boire, du lever au coucher de soleil. Le soir ils rampent le jeune avec du lait, des dattes, des beignets au miel et une soupe. Cela est suivi d’un repas, après la prière du soir Al Aichaa.  Avant la prière du Sobh, ils prennent un autre repas nommé Assahour, généralement léger.

La notion de retenue, est donc présente dans cette religion, ce qui lui donne un sens de sacrifice. Chose ne permettant pas une totale jouissance des aliments et de manière abusive. Aussi, faut-il signaler l’effet de partage de nourriture stipulé dans les trois religions. A table d’un musulman il y a toujours une place de plus pour un inconnu. Si on a dix convives, l’on prépare pour onze, car on ne sait jamais si quelqu’un allait venir en cours du repas. La cuisine marocaine est festive. C’est une cuisine qui se mange collectivement, à la même table et dans un même plat, en général, où le maître de famille est un symbole rituel. Ce dernier donne l’ordre de commencer à manger, après avoir prononcé le nom de Dieu (Bismi Allah).

La religion appelle aussi à l’économie de la nourriture. Il ne faut servir que ce qui peut être mangé. Il ne faut jeter de la nourriture, car c’est un péché. Celui qui ne termine pas son assiette est taxé d’arrogant et de gaspilleur. Cette notion de retenue évite d’aller sur une jouissance directe pour maintenir le respect des règles de la table et éviter d’aller dans le sens pervers de l’alimentation (abus, gaspillage). Un bon croyant ne passera jamais devant un morceau de pain, tombé par terre, sans le ramasser et le mettre dans un lieu propre. C’est une façon de remercier Dieu de ce qu’il nous a donné comme moyens et comme biens pour vivre.

Le Ramadan la philosophie de faire découvrir aux fidèles la sensation du manque, pour leur montrer ce que ceux qui sont dans le besoin éprouvent. Cela conduit au développement du partage du pain. Aussi le sacrifice est présent dans cette belle religion musulmane, car se retenir de boire et de manger, de satisfaire ses besoins sentimentaux, dans la journée, pendant le jeune, d’égorger un mouton lors de Aid Al Adha, n’est autre chose qu’un pur sacrifice.

 

Selon la loi juive, il n’existe pas de prohibition sur l’alcool mais s’ajoutent, aux pratiques musulmanes, les règles alimentaires de la  » cacherout,  » qui sont pour la cuisinière un casse-tête.

Parmi les animaux vivant dans l’eau seuls sont autorisés ceux qui  » ont au moins une nageoire et au moins une écaille qui se retire facilement.  » Sont prohibés les crabes, les huîtres, les homards et autres crustacés et coquillages.

Selon la Bible, les juifs sont supposés se rattraper avec quatre sortes d’insectes mais, en raison de la difficulté rencontrée pour les identifier, les rabbins les interdisent au menu.

En aucun cas, dans une cuisine juive, on ne doit mettre en contact du lait et de la viande. Les rabbins ont poussé l’interdit à son maximum :  » un craignant Dieu  » (3) ne saurait consommer du lait ou des laitages et de la viande au même repas.

 Mieux, comme des particules de viandes et de lait pourraient rester attachées aux ustensiles, il est imposé de disposer de deux batteries de cuisine séparées, chacune étant consacrée à son usage. (4)    http://fr.wikipedia.org/wiki/Religion_et_alimentation